Voulez-vous voir mon cœur, ouvrez-moi la poitrine,
Vous y verrez les traits de vos rares beautés,
Vous verrez en mon sang mille diversités
Émues par l'amour qui par vous y domine.
Vous y verrez l'ardeur de ma flamme divine,
Vous verrez tout au près mes poumons agités
Qui soupirent pour vous, et mille cruautés
Exciter la rigueur qui ma vie termine.
Mais las ! arrêtez-vous, vous n'y pourriez rien voir,
Car la mort aussi tôt ayant sur moi pouvoir
Effacerait l'effet du désir qui m'enflamme.
Regardez mes soupirs, vous y verrez mon cœur,
Vos beautés mon amour, vos rigueurs ma douleur,
Et soyez humble aux pleurs que vous offre mon âme.
François BEROALDE DE VERVILLE