Pour baiser la prairie et le ruisseau dormant Qui déroule ses moires, Un beau rayon frileux glisse furtivement Parmi les branches noires. Les fleurs veulent fêter le jour qui nous est cher. Parmi les vertes mousses Leur corolle s'entr'ouvre au milieu de l'hiver Sous des haleines douces. Oh! que la terre en deuil retrouve son trésor! Et tienne sa promesse, Puisque tes vieux enfants s'éblouissent encor De ta chère jeunesse! Tant que tu nous souris, ô regard adoré Où le nôtre se plonge, Nous n'avons pas vécu, nous n'avons pas pleuré, Le reste n'est que songe. Tant que nous te pressons dans nos bras tour à tour, Notre âme au loin s'élance, Et nous oublions tout le reste, ivres d'amour, De joie et de silence! Théodore de BANVILLE