Lorsqu'au bas de l'azur, qui semble lui sourire, L'aurore resplendit dans un coin d'horizon, J'aime à voir l'onde pure, au souffle d'un zéphyre, Bercer le doux reflet de son pâle rayon.J'aime entendre les chants formidables, sublimes, Dont la foudre remplit l'immensité des cieux, Lorsque, faisant d'horreur frissonner ses abîmes, Son noir courroux s'attelle à son char lumineux. J'aime à voir palpiter durant sa valse folle, La gente libellule au corset de saphir, Et, sous les bois dormants, le soir, la luciole Voltiger dans une ombre et soudain resplendir. J'aime des ruisselets les gracieux murmures, Le blanc duvet des nids cachés dans les vallons, L'arome exubérant qu'exhalent les ramures Et le fin gazouillis des joyeux oisillons. J'aime la blanche opale et la blonde topaze, La féerique améthyste et les feux éclatants Que mêle un diamant au rayon qui l'embrase Et les rouges rubis que l'on dirait sanglants. J'aime les frais baisers de la brise éplorée, Qui redit au désert le soupir de l'amant, Et le gai papillon dont l'aile diaprée Semble avoir l'arc-en-ciel en son azur charmant. J'aime voir une étoile entre les beaux nuages, La lune aux flots d'argent derrière un mont lointain J'aime entendre les eaux chanter sur les rivages Et le gai paysan fredonner le matin. J'aime le jeune enfant qui, paisible, sommeille Dans son gentil berceau de dentelles orné, Et le sourire errant sur sa lèvre vermeille, Ainsi qu'une rougeur sur le front incliné. J'aime les résédas, la verveine odorante, Le chrysanthème d'or des automnes rêveurs Et les pâles lilas dont la neige enivrante Blanchit le tapis vert des renouveaux en fleurs. Mais j'aime plus encore, ô brume enchanteresse, Ton regard qui sur moi se pose avec douceur, Et ta suave voix qui me remplit d'ivresse En me charmant l'oreille et m'émouvant le coeur. Albert FERLAND