Oh ! les yeux adorés ne sont pas ceux qui virent Qu'on les aimait, - alors qu'on en mourait tout bas ! Les rêves les plus doux ne sont pas ceux que firent Deux êtres, cœur à cœur et les bras dans les bras ! Les bonheurs les plus chers à notre âme assouvie Ne sont pas ceux qu'on pleure après qu'ils sont partis ; Mais les plus beaux amours que l'on eut dans la vie Du cœur ne sont jamais sortis ! Ils sont là, vivent là, durent là. - Les Années Tombent sur eux en vain. On les croit disparus, Perdus, anéantis, au fond des destinées !... Et le Destin, c'est eux, qui semblaient n'être plus ! On a dix fois aimé depuis eux. La jeunesse A coulé, fastueuse et brûlante, et le Temps Amène un soir d'hiver, par la main, la Vieillesse, Qui nous prend, elle ! par les flancs ! Mais ces flancs terrassés qu'on croyait sans blessure