Il faisait gris dans ma demeure J’ai dit : « Dehors luit le soleil, Mon âme a besoin à cette heure De clartés et d’éclats vermeil ! »Il faisait triste dans la plaine ; J’ai dit : « Quittons l’obscurité ! » Et sur la sommité lointaine Avec espoir je suis monté. La montagne était pleine d’ombre ; J’ai dit : « Fuyons dans l’infini, Loin de la terre grave et sombre, Dans l’espace jamais terni ! » Les espaces bleus étaient mornes, Il n’y dansait point de rayons ; En vain j’allai jusques aux bornes Des insondables régions : Je n’y trouvai point de lumière, Le soleil semblait s’être éteint, Les astres se cachaient derrière Un brouillard pesant et lointain. Mais après cet effort suprême, L’âme lassée et sans vigueur, Je dus m’avouer à moi-même Que la nuit était dans mon cœur. Alice de CHAMBRIER