Depuis qu'on m'a donné licence d'espérer,
Je me trouve obligé d'aimer ma servitude;
Je n'accuserai plus Cloris d'ingratitude,
Puisqu'elle me permet l'honneur de l'adorer.
Je crois qu'après cela tout me doit prospérer,
Que mon amour sera franc de sollicitude,
Et que le sort humain n'a point d'inquiétude
Dont mes félicités se puissent altérer.
J'espère désormais de vivre sans envie
Parmi tous les plaisirs que peut donner la vie:
Je vois mes plus grands maux entièrement guéris.
Mon âme, moque-toi des feux que tu soupires;
J'espère des trésors, j'espère des empires,
Et si n'espère rien que de servir Cloris.
Théophile de VIAU