Aux autres, des trésors la splendide opulence !
Mais à moi, dont le cœur, s'ouvrant à l'espérance,
Dans un désir plus doux s'est toujours renfermé,
L'angélique bonheur d'aimer et d'être aimé !
Du chêne au large faîte, à l'orgueilleux feuillage,
Je ne recherche pas la fraîcheur et l'ombrage ;
Sous l'humble citronnier, sous le jeune arbrisseau,
Sur la rive où serpente le limpide ruisseau,
Sur les bords gazonnés où la fraîcheur repose,
Oiseau faible et sans nom, c'est là que je me pose
Pour chanter mes amours, belles comme les fleurs,
Douces comme un parfum, pures comme les pleurs,
Qui brillent dans les yeux de la naissante aurore.
O Dieu ! Dieu trois fois bon, toi que mon âme adore,
Toi qui prêtes l'oreille à nos faibles accents,
Reçois du haut du ciel mes vœux et mon encens !
Ta bonté paternelle ombrage la nature,
Tu suspends à nos bois leur luxe de verdure,
Tu donnes à nos champs et de l'ombre et des eaux,
De la mousse et des nids aux petits des oiseaux,
Aux gazons altérés des gouttes de rosée,
La fraîcheur de la nuit à la terre embrasée,
Au matin jeune et frais de brillantes couleurs,
Des larmes aux remords et des parfums aux fleurs ;
Tu donnes au printemps de suaves corbeilles,
Des ailes à la brise et du miel aux abeilles ;
A mon cœur donne aussi son beau songe d'amour
Ce doux et vague objet qu'il rêve nuit et jour!
Ah ! j'ai besoin d'aimer ! mon âme aimante et tendre,
Dans une autre soi-même aspire à se répandre !Auguste LACAUSSADE