En vain sur la terre étrangère, Le souffle d'un sort rigoureux A poussé la barque légère, Qui porte l'objet de tes vœux. Son cœur que la vague incertaine N'a jamais séparé de toi, Rêvant à la rive lointaine Où ton souvenir le ramène, Revole à toi, toujours à toi ! Aux lieux, où sa voix importune Du ciel implore les faveurs, Il est allé de la fortune Cueillir pour ton front quelques fleurs ; Et s'il gémit sur le veuvage Des instants passés loin de toi, Il espère un jour sans nuage ; Et pour ranimer son courage Il pense à toi, toujours à toi ! Quand la nuit a ramené l'heure, 0ù l'amour, aux jours d'autrefois, Le conduisait vers la demeure Où l'appelait ta douce voix ; Son front pensif se décolore, Il pleure... il est si loin de toi ! Et quand revient briller l'aurore, Les larmes qu'il répand encore Coulent pour toi, toujours pour toi ! D'une jeune et chaste tendresse Son cœur t'a donné tout le miel, Il n'a qu'un regard de tristesse Pour les vierges d'un autre ciel. Quand il voit la beauté sourire, Douce et pensive ainsi que toi ; Un nom sur ses lèvres expire : Il se trouble et sa voix soupire : Mais c'est pour toi, toujours pour toi ! Sur les bords gazonnés des rives Rêveur il vient s'asseoir souvent ; Il plaint les feuilles fugitives Qu'emporte la force du vent. Son oeil suit la nue inconstante Qui semble s'envoler vers toi ; Et si dans sa tristesse il chante Une plainte vague et touchante ; Elle est pour toi, toujours pour toi ! De la muse qui le console, Les accents lui sont toujours chers ; Souvent avec elle il s'isole Sur l'écueil baigné par les mers. Dans la mousse la vague expire : Il la contemple... il songe à toi. Et ses doigts effleurent sa lyre, Dont la triste voix qui soupire Parle de toi, toujours de toi ! L'oiseau qu'un ciel sévère exile Du nid qui cacha ses amours, Revole à son secret asile Avec le soleil des beaux jours. Celui qui te pleure en silence Ainsi retournera vers toi. Pour se consoler de l'absence, C'est dans cette douce espérance Qu'il pense à toi, toujours à toi! Auguste LACAUSSADE